Articles Tagués ‘informatisation’

Laissez-nous le temps de faire notre boulot, et tout ira bien. Des ritournelles comme celle-là, les élus, ils adorent. Ils adorent nous les chanter à tue-tête, oubliant que, pour se faire élire, ils n’hésitaient pas à promptement clamer haut et fort, qu’une fois au pouvoir, avec eux, ça ne traînerait pas. L’artisan du coin, quand il doit quelques fifrelins à l’administration, je l’imagine bien aller pousser le même genre de chansonnette. Laissez-moi encore 2 ou 3 ans, et sûr que je paierai mes dettes rubis sur l’ongle.

Moi, je serais agriculteur aujourd’hui, même si je sais très bien que la gestion, l’écologie et moi, ça fait deux –et pour cause, les voies sans issues sur lesquelles on nous a mis : modernisation, mécanisation, informatisation… avec les emprunts qui vont avec, sans parler des politiques européennes– je serais agriculteur, disais-je, pas sûr, mais pas sûr du tout que je voterais pour un de ces bonimenteurs du PS, comme je l’ai fait aux dernières élections. Et dire qu’avec Sarko et les autres rigolos, on croyait avoir touché le fond ! Mais pas de risque que je sois agriculteur, jouer le cul-terreux les pieds dans la gadoue, faut quand même pas exagérer.
Je serais éleveur, en Bretagne comme ailleurs où des experts nous ont serinés pendant des années pour produire toujours plus sans se préoccuper de la réalité des marchés, je leur refourguerais mon exploitation, les y enfermerais et leur dirais : « Maintenant, montrez-nous comment vous allez vous en sortir ». Éleveur, à trimballer le fumier, c’est pas mon truc, il y a des limites à tout, mais si vraiment la vie m’avait amené à le devenir, tout le monde ne naissant pas avec une cuiller en argent dans la bouche, pas sûr que je revoterais pour un de ces rigolos de l’UMP. Ils me l’auraient fait une fois, ils ne me la feraient pas une deuxième.
Je serais pêcheur, même si je sais que, question gestion, il y aurait à redire, cependant moins que sur la façon dont l’Europe traite les affaires de pêche avec ses décrets et réglementations brutales comme un coup de vent du noroît, garanti que je ne risquerais pas de donner ma voix à un de ces charlots de l’écologie. Pas que je sois contre l’écologie, on peut pas être contre, mais je vais devenir quoi, mes gosses ils vont devenir quoi, les potes pêcheurs ils vont devenir quoi ? Faire dans la plaisance ? comme l’a dit une andouille de Bruxelles pour qui « bateau » c’est Petit Bateau et Petit Bateau un slip, un qui n’a rien à voir avec le carénage.
Je serais infirmière, et je parle pas des Marie-Thérèse, que finalement elles ont peut-êtwe waison de ne pas se pwendre le chou, faudwait pas que des gugus de l’UDI comptent que je vote pour eux, ah non, faudwait pas.
Je serais enseignant, sûr qu’au PS, ils pourraient continuer à rêver que je vote pour eux.
Je serais pompier, ils iraient tous se faire voir.
Si que je serais un toubib ou un truc comme ça, comme avocat ou je sais pas, mais un truc du genre pareil, je te fous mon billet que ceusses du Front de gauche ils iraient se rhabiller, avec ceux du FN. Sauf que ça risquerait pas, à cause que mes vieux, c’est pas l’envie qui leur aurait manqué que je fasse des études, mais c’est le pognon, que l’ascenseur social il attend le dépanneur qui serait lui-même en panne, à c’q’ui paraît.

Je serais politicien, et en supposant que je sois honnête, ce qui serait surprenant si j’ai fait l’ENA ou Sciences Po, j’aurais tellement honte des discours de mes pairs et de mes propres incapacités que je me tirerais une balle dans la tête le genou un bras la couenne. Une balle à blanc, soyons raisonnable. Non : mieux que ça, je prendrais la parole pour dénoncer l’incompétence des… Mais serait-ce bien honnête et surtout bien malin de cracher dans la soupe qui me nourrit ? Tout bien réfléchi, je me la fermerais.

Je serais un citoyen responsable, c’est pour moi et pour mon propre intérêt que je voterais. Comme chacun. Hélas, Dieu m’a voulu irresponsable.